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La France interdit les robes islamiques abaya dans les écoles, les qualifiant de tentative de convertir les autres à l'islam

Aug 20, 2023Aug 20, 2023

28 août 2023 / 11h41 / CBS/AFP

La France va interdire les vêtements islamiques appelés abayas dans les écoles à partir de septembre, a annoncé dimanche le gouvernement, un haut responsable les qualifiant d'"attaque politique" et de tentative de convertir les gens à l'islam.

Dans une interview sur la chaîne de télévision française TF1, le ministre de l'Éducation Gabriel Attal a déclaré que cette interdiction était conforme à la "laïcité", la version dure de la laïcité française, qui interdit les signes extérieurs de religion dans les écoles.

Les critiques affirment que cette politique générale a été instrumentalisée pour cibler les musulmans français.

"La laïcité n'est pas une contrainte, mais une forme de liberté, la liberté de se forger sa propre opinion et de s'émanciper par l'école", a déclaré Attal, faisant écho à un discours longtemps dénoncé comme colonialiste et paternaliste sur les femmes musulmanes en France.

Attal a décrit ce vêtement long et fluide comme "un geste religieux, visant à tester la résistance de la république envers le sanctuaire laïc que doit constituer l'école".

"Vous entrez dans une salle de classe, il ne faut pas pouvoir identifier la religion des élèves en les regardant", a-t-il déclaré.

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a déclaré lundi que l'abaya était "manifestement" religieuse et "une attaque politique, un signe politique", et qu'il considérait son port comme un acte de "prosélytisme".

Attal a déclaré qu'il donnerait "des règles claires au niveau national" aux chefs d'établissement avant le retour en classe dans tout le pays à partir du 4 septembre.

Cette décision intervient après des mois de débats sur le port de l'abaya dans les écoles françaises, où les femmes et les filles n'ont depuis longtemps pas le droit de porter le foulard islamique ou de se couvrir le visage.

Une loi de mars 2004 a interdit « le port de signes ou de tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse » dans les écoles. Cela inclut les grandes croix, les kippas juives et les foulards islamiques.

Contrairement aux foulards, les abayas occupent une zone grise et n'ont pas fait l'objet d'une interdiction pure et simple, mais le ministère de l'Éducation avait déjà publié une circulaire sur la question en novembre de l'année dernière, décrivant l'abaya comme faisant partie d'un groupe de vêtements dont le port pourrait être interdit si ils étaient « portés de manière à afficher ouvertement une affiliation religieuse ».

La circulaire met les bandanas et les jupes longues dans la même catégorie.

Certaines jeunes filles musulmanes de Marseille, dans le sud de la France, auraient arrêté d'aller à l'école il y a quelques mois parce que leurs enseignants les humiliaient à cause de leurs abayas, bien qu'il n'y ait aucune interdiction officielle. En mai, des lycéens de la ville ont protesté contre ce qu'ils considéraient comme un traitement « islamophobe » infligé aux jeunes filles musulmanes portant des abayas.

Au moins un dirigeant du syndicat des enseignants, Bruno Bobkiewicz, a salué dimanche l'annonce d'Attal.

"Les instructions n'étaient pas claires, maintenant elles le sont et nous nous en félicitons", a déclaré Bobkiewicz, secrétaire général du NPDEN-UNSA, qui représente les directeurs d'école de toute la France.

Eric Ciotto, chef du parti d'opposition de droite Les Républicains, s'est également félicité de cette nouvelle, affirmant que son parti avait "demandé à plusieurs reprises l'interdiction des abayas dans nos écoles".

Mais Clémentine Autain, du parti d'opposition de gauche La France Insoumise, a dénoncé ce qu'elle a qualifié de "police vestimentaire".

L’annonce d’Attal était « anticonstitutionnelle » et contraire aux principes fondateurs des valeurs laïques de la France, a-t-elle soutenu – et symptomatique du « rejet obsessionnel des musulmans » par le gouvernement.

À peine revenue des vacances d'été, a-t-elle déclaré, l'administration du président Emmanuel Macron tentait déjà de rivaliser avec le parti du Rassemblement national de la politicienne d'extrême droite Marine Le Pen.

Le débat s'est intensifié en France depuis qu'un réfugié tchétchène radicalisé a décapité l'enseignant Samuel Paty, qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mahomet, près de son école en banlieue parisienne en 2020.

Le CFCM, organisme national regroupant de nombreuses associations musulmanes, estime que les vêtements ne constituent pas à eux seuls "un signe religieux".

Première publication le 28 août 2023 / 11h41